Accueillir ou reconduire
Enquête sur les guichets de l’immigration
Description
Un bureau de préfecture, une file d’attente, un espoir – obtenir des papiers. Désormais banale, cette image de l’immigration occulte l’essentiel : ce qui se joue de l’autre côté du guichet. Là, des fonctionnaires examinent les dossiers, jaugent les candidats, statuent sur leur sort. C’est à eux que l’État délègue la mise en œuvre de sa politique d’« immigration choisie ». Mais qui sont ces hommes et ces femmes qui décident d’attribuer des papiers ou, au contraire, de reconduire à la frontière ? Comment tranchent-ils ? De quelle latitude disposent-ils dans l’interprétation des règlements ?
Au terme de plusieurs années d’enquêtes dans les coulisses des consulats, des préfectures et des services de la main-d’œuvre étrangère, Alexis Spire dévoile la face cachée de cette machine à trier les étrangers. Ceux qu’on éloigne, et ceux qui rejoignent la main d’œuvre bon marché réclamée par les employeurs. Situés au bas de l’échelle administrative, les personnels chargés l’immigration sont sommés de « faire du chiffre » et de « traquer les fraudeurs ». Cobayes de la « modernisation de l’État », ils s’enrôlent dans cette croisade en croyant défendre le modèle social français.
A propos de l'auteur
Après avoir travaillé sur l’histoire des politiques d’immigration, Alexis Spire s’est fait embaucher comme guichetier de préfecture puis a réalisé plusieurs enquêtes par observations et par entretiens dans différents services de contrôle des étrangers. Il est directeur de recherche au CNRS et travaille désormais sur les inégalités sociales face aux transformations de l’État.
Il a également publié Faibles et puissants face à l'impôt (Raisons d'agir, 2012) ; Histoire sociale de l'impôt (avec Nicolas Delalande, La Découverte, 2010) ; Étrangers à la carte. L'administration de l'immigration en France (1945-1975), (Grasset, 2005). Il a par ailleurs édité et préfacé l’ouvrage d’Abdelmalek Sayad, L’immigration ou les paradoxes de l’altérité. Les enfants illégitimes, (Raisons d’agir, 2006).